Entrevue avec Richard Labévière sur le désastre de la diplomatie française dans le dossier de la Syrie, sur TV Libertés

L’excellent Richard Labévière fait le point sur le désastre diplomatique dans lequel la France s’est engagée dans le dossier de la Syrie. Je sors du contexte précis de l’entrevue pour faire un commentaire plus général sur la situation. Je voudrais d’abord en profiter pour mettre en référence l’excellent livre que Richard Labévière a publié en 1999 intitulé Les dollars de la terreur. Les États-Unis et les islamistes. Dans ce merveilleux ouvrage (que je n’ai pas encore terminé) Labévière s’efforce de démontrer que les États-Unis ont tout intérêt à ce que le fondamentalisme islamiste se répande dans le monde, puisque cela permet de sécuriser l’approvisionnement en pétrole venant de l’Arabie Saoudite. Les islamistes, en s’attaquant aux institutions et aux populations locales au Moyen-Orient, affaiblissent la capacité des peuples à l’autodétermination et à prendre le virage de la modernité et de la sécularisation, ce qui permet aux États-Unis de demeurer la puissance dominante dans la région.

Or, l’influence française au Moyen-Orient, ressentie du Maroc jusqu’en Afghanistan, avait justement permis aux peuples vivant sur ces territoires de se libérer du joug de la religion musulmane, de prendre le virage de la modernité et de la sécularisation, de se doter d’institutions civiques, culturelles, scolaires qui permettaient aux populations, et aux femmes notamment, de s’émanciper et de sortir de la noiceur. Certains d’entre vous ont certainement vu sur internet ces photos datant des années 50’s, 60’s et 70’s prises au Maghreb, en Iran ou en Afghanistan montrant l’habillement des femmes de ces époques. Les femmes portaient la jupe et leurs cheveux volaient au vent. La puissance de la France, c’est ça que cela produisait. Le Général de Gaulle avait introduit dans la politique étrangère de la France l’idée selon laquelle la France devait défendre sa culture au niveau international et qu’elle avait un rôle à jouer dans le concert des nations qui lui est propre, et qui n’est pas celui ni des États-Unis ni de la Russie ni de quelqu’autre pays. Les Américains n’aimaient pas beaucoup de Gaulle et personne ne sera surpris. Malheureusement, son héritage a été abandonné petit à petit au fil du temps et il est de plus en plus évident, surtout depuis l’époque de Sarkozy, que la France n’est plus qu’un pays satellite des États-Unis sans politique étrangère propre.

Il aurait été approprié pour la France de ne pas intervenir dans le conflit syrien ou encore de jouer le rôle de négociateur entre les partis. Cela n’a pas été le cas et François Hollande s’est lancé tête baissée dans le conflit. Certains se demanderont si l’Élysée n’a pas subi des pressions de la part, par exemple, du Qatar ou des Frères Musulmans, pour prendre cette position. C’est possible. Mais néanmoins, lorsque l’on fait le bilan de la diplomatie française depuis, disons, une trentaine d’années, c’est le désastre total. La France a été complètement évacuée du Moyen-Orient, du Maroc à l’Afghanistan par, je le disais plutôt, l’utilisation des fondamentalites islamistes par les États-Unis pour déstabiliser et balkaniser ces régions. Ces pays du Moyen-Orient aujourd’hui, au lieu d’être peuplés par des gens tournant leur regard vers la France avec envie, fierté, anticipation, au lieu de s’abreuver de la culture et de la civilisation françaises pour devenir de meilleures citoyens, plus instruits, plus conscients et plus civilisés, s’abreuvent du poison mortel du fondamentalisme islamiste.

La véritable histoire de la guerre en Syrie, c’est ça. C’est l’histoire du refus de la France de jouer son rôle pour être plutôt à la remorque des Américains au lieu de s’affirmer. Le monde a besoin que la France redevienne la France. Alors que les Américains empochent les dollars de la terreur, tout est en train de s’effondrer et la Terre devient jour après jour un lieu très dangereux. Une seule nation peut nous sauver de cette situation périlleuse et c’est la France. Après la vidéo de l’entrevue avec Richard Labévière, vous trouverez deux liens menant à des images de l’Afghanistan et de l’Iran des décennies passées, avant qu’ils ne sombrent dans l’enfer du fondamentalisme islamiste, en d’autres termes à une époque où ils étaient encore sous l’influence civilisatrice de la France. La France libère mais pour cela il faut que la France soit la France!

Photos de l’Afghanistan, années 1940-1970

Photos de femmes iraniennes années 70’s

Alexandra Malenfant-Veilleux sur le cours Éthique et culture religieuse: la confusion identitaire érigée en système

Je veux prendre quelques instants pour réagir ici à la conférence qu’a prononcé Alexandra Malenfant-Veilleux sur le cours « Éthique et culture religieuse » lors du 79e congrès de l’ACFAS qui se déroule présentement à Sherbrooke et qui se termine aujourd’hui. Lisa-Marie Gervais en a fait un compte-rendu pour Le Devoir que vous pouvez lire dans l’édition du 12 mai 2011. Selon la chercheure, le cours Éthique et culture religieuse fait la promotion de valeurs pluralistes et n’est donc pas neutre ainsi. L’histoire québécoise, avec ses valeurs culturelles et religieuses, devrait primer sur tout autre enseignement.  Le cours ECR est un ensemble cohérent de principes moraux qui peut se défendre aussi bien que d’autres systèmes comme l’humanisme ou le catholicisme. La conférence se veut indirectement une critique de la (dernière en date!) réforme par laquelle on privilégie maintenant une approche « par compétences ». Le débat sur le cours ECR met en scène trois grands blocs que l’on peut identifier comme étant d’une part les nationalistes, les laïques et ceux qui veulent décider eux-mêmes, représentés par la « Coalition pour la liberté en éducation ». Le cours ECR a essuyé énormément de critiques depuis le début de son entrée en vigueur et cette conférence de Malenfant-Veilleux, découlant de son mémoire de maîtrise présenté à l’UQTR, ne fait que s’ajouter à cette longue liste.

Or, cette question concerne mon champ d’expertise premier, celui des sciences religieuses. Je m’en voudrais donc de ne pas sauter sur l’occasion pour exprimer mon point de vue. D’abord, le cafouillage du cours ECR s’inscrit dans le cafouillage préalable du multiculturalisme voulu par certains états occidentaux, dont le Canada. Salim Mansour, professeur à l’Université de Western Ontario, nous rappelle en page 1 dans son étude publiée par l’Atlantic Institute for Market Studies et intitulée The Muddle of Multiculturalism, un échange ayant eu lieu entre Pierre-Elliott Trudeau et John Bryden, député libéral. Trudeau était de passage au Parlement d’Ottawa au milieu des années 1990 pour participer à un dîner privé en compagnie d’une douzaine d’invités triés sur le volet. Bryden aurait alors demandé à Trudeau si cela avait été son intention, lorsqu’il a mis en place la politique de multiculturalisme, de faire en sorte que les immigrants considèrent d’abord leur origine ethnique avant leur citoyenneté canadienne. Trudeau aurait répondu par la négative. Bryden, lors d’une entrevue accordée au journaliste Chris Cobb du Ottawa Citizen une dizaine d’années plus tard, confie que pour lui Trudeau était déçu que le gouvernement Mulroney ait détourné la politique du multiculturalisme afin de l’utiliser pour noyer le nationalisme québécois, en célébrant l’ethnicité d’origine des immigrants et non leur nouvelle identité canadienne. Mais le problème pour les Québécois et aussi pour les Canadiens, c’est que nous devons vivre avec les conséquences désastreuses de ce virage. Continuer la lecture