Jean-Claude Bernheim vient de signer un livre remarquable aux Éditions Accent Grave intitulé Le cas Desroby. Le livre raconte l’histoire d’un soldat de l’Armée canadienne, Robert Desroby, et sa descente aux enfers. Après des années de service exemplaire au sein de la Marine, le matelot Desroby demande un transfert sur la terre ferme. L’administration décide alors de l’envoyer à Bagotville. Après quelques temps passés à s’acclimater à son nouvel environnement, Desroby décide de dénoncer une situation qu’il juge inacceptable relativement à la gestion de certains fonds destinés aux soldats. Très vite, il est l’objet de harcèlement et d’intimidation de supérieurs et collègues au point où sa santé, sa motivation et sa joie de vivre sont mises en péril. Un transfert sur la base de Shearwater n’arrange rien puisque l’environnement de travail est sensiblement le même qu’à Bagotville et que le harcèlement à son égard continue de plus belle. Le summum est atteint le jour où la police effectue une perquisition illégale à son domicile pour saisir des armes de chasse, laquelle sera vécue par Desroby et sa conjointe comme une intrusion de leur vie privée, un viol même de leur âme. Pendant des années Desroby se battra pour faire respecter ses droits qui ont été bafoués et défendre sa réputation qui a été ternie de façon irréversible. Aujourd’hui en dehors des Forces Armées Canadiennes, Desroby essaie simplement de survivre dans un monde qu’il ne reconnaît plus. Atteint du syndrome de stress post-traumatique suite à ses quelques déploiements à l’étranger et au harcèlement dont il a été la cible ici au Canada, ce qui lui reste de vie est pénible à chaque instant, puisque ceux qui l’ont harcelé n’ont pas manqué d’essayer de détruire en lui tout ce qui pouvait l’être et qu’il souffre de séquelles physiques importantes. Le gouvernement fédéral, fidèle à ce qui semble être devenu une politique officielle, ne lui a offert aucune aide. Le support des vétérans de l’Armée Canadienne n’est pas une priorité du gouvernement conservateur de Stephen Harper, tout comme il ne l’était pas non plus des gouvernements précédents.
Ça, c’est pour le livre. J’aimerais maintenant vous offrir quelques remarques personnelles qui me viennent à l’esprit suite à cette lecture. D’après mes expériences personnelles et celles de gens que j’ai pu côtoyer, j’ai l’impression que le harcèlement dans la société canadienne est un phénomène très répandu. Il semble être devenu pour certains une méthode de gestion comme une autre. On « écœure » pour mieux garder le contrôle. Au fond, le harcèlement permet de passer outre l’obligation d’avoir à trouver de véritables façons de bien organiser les institutions et la société. Il permet d’éviter de faire l’effort de se forcer le cerveau pour trouver des réponses. Au lieu de faire cela, lorsqu’une situation se produit, ceux en position d’autorité bombent le torse et les biceps pour imposer, par la force, une ligne de conduite à ceux qui osent dénoncer ce qui ne va pas. Le monde moderne est à la dérive et ici je ne veux pas être compris comme étant quelqu’un qui idéalise les sociétés passées. Bien au contraire. Néanmoins, il est évident que les valeurs chrétiennes de l’amour, du partage et de l’entraide ont été abandonnées par la société mercantiliste et matérialiste d’aujourd’hui, sans doute parce qu’on juge maintenant qu’elles ne sont pas assez « rentables » pour les entreprises et les institutions. De fait, on les a remplacées par la terreur, l’intimidation et le harcèlement. C’est brillant, non? Pourquoi chercherait-on à aider quelqu’un quand on peut tout simplement l’écraser? Ne trouvez-vous pas c’est bien plus simple?
Au fond, Le cas Desroby de Jean-Claude Bernheim est un livre qui permet de faire éclater l’illusion d’un monde imaginaire tel que présenté par exemple par Walt Disney et d’autres visionnaires dans leurs productions. Les slogans hypnotiques du genre « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » ou « nous sommes tous des petits amis » ne sont que de la poudre aux yeux pour nous faire obéir. Ce ne sont que des incantations pour nous faire croire à des chimères pendant que dans les hauts lieux de la société on passe à la caisse à nos dépens. L’histoire du matelot Desroby raconte ce qui nous arrive à tous le jour où nous arrêtons de croire à ces sottises et que nous décidons de prendre la parole. Dire la vérité n’est pas une ballade dans le parc. Il y a un prix à payer. À l’heure où la liberté de tous les peuples sur Terre est menacée, au moment où la dignité et la justice sont des valeurs de plus en plus difficiles à défendre et à maintenir contre ceux qui voudraient nous asservir et nous réduire en esclavage, Le cas Desroby est une lecture obligée. Le livre témoigne de la nécessité pour nous tous de combattre les forces totalitaires qui ont déclaré la guerre à l’humanité et qui ne cesseront de redoubler d’efforts pour atteindre leur objectif. Il n’en tient qu’à nous de nous lever et de combattre courageusement de toutes nos forces pour éviter que la catastrophe qui se prépare sous nos yeux ne devienne inéluctable.