Ce documentaire de Jean-Philippe Amar et Emmanuel Amara « Éducation Nationale. Un grand corps malade » trace le portrait du système scolaire français. En donnant la parole à des professeurs, des spécialistes de l’éducation, des fonctionnaires du système et à des anciens ministres, il permet de mettre en lumière l’échec lamentable de la « nouvelle école », celle où, de toute évidence, on n’apprend plus rien. Plus précisément, le passage de l’école secondaire à l’université en France semble particulièrement difficile tant au niveau de la maîtrise de la langue que des connaissances générales et de l’aptitude à lier les connaissances entre elles. Moi qui suis Québécois, chers Français, je dois vous dire que cela n’est guère mieux ici. C’est à se demander si nos deux peuples ne rivalisent pas de médiocrité dans ce domaine. Le passage de l’ancien système scolaire, dont le coeur était le Collège Classique, une institution merveilleuse, élitiste, qui favorisait l’éclosion du meilleur dans l’homme, à la « nouvelle école », a créé des générations de diplômés qui ne sont en fait que des ignares, des cancres, qui ne savent ni lire, ni écrire, ni compter et qui n’ont que de très rudimentaires connaissances générales, que ce soit en histoire, en économie ou en d’autres sujets. Vous connaissez ce proverbe qui dit que « lorsque l’on se compare on se console »? Eh bien, je ne suis pas sûr d’être consolé car ce portrait respectif de nos deux systèmes scolaires, français et québécois, laisse présager des jours sombres pour la francophonie. Si la France et le Québec ne peuvent assurer le maintien d’un niveau de qualité décent dans l’utilisation de la langue française et de la structuration des idées qui rendent la culture française si magnifique, eh bien qui le fera? Je n’enlève rien ni aux Suisses ni aux Belges, ni d’ailleurs aux peuples francophones qui, force est d’admettre, ont d’autres chats à fouetter pour le moment. C’est à nous de s’occuper de l’avancement de la culture française.
Une chose est sûre, la « nouvelle école », fruit du désir des industrialistes du dix-neuvième siècle de créer des masses innombrables de consommateurs toujours de plus en plus dociles et soumis, est en train de faire s’écrouler la civilisation elle-même. Relisez le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley et particulièrement les passages où le personnage de Mustapha Menier s’exprime. L’école que nous avons aujourd’hui est le fruit de l’engineering social qui a été planifié voilà plusieurs décennies.