Le Maire Jean Tremblay de la localité de Saguenay vient de lancer une polémique qui fait ressortir un problème réel de notre économie québécoise et canadienne. C’est que les régions se meurent, lentement mais sûrement, à petit feu. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène, dont la mondialisation qui elle favorise les mégapoles interconnectées aux dépens des régions. Le résultat des courses est que ces populations régionales vivant hors-mégapoles ont beaucoup de peine à survivre. Les emplois se font de plus en plus rares, puisque le développement économique à tendance à se faire à la mégapole locale, Montréal, Toronto ou Vancouver dans le cas du Canada. Aussi, le fait que les multinationales ne cessent de délocaliser leurs productions dans des pays où la main-d’oeuvre est à bas coût (comme la Chine, le Bangladesh, l’Inde, les pays de l’Afrique du Nord, etc) accroît la difficulté des régions à obtenir de l’investissement privé puisque les grandes corporations ne sont pas intéressées à payer pour le coût réel du travail.
Depuis que le Maire Tremblay a fait sa sortie, quelques réactions se sont fait entendre, dont celle du PDG de Résolu, Richard Garneau. Or, on doit bien avouer que Monsieur Garneau n’a pas défendu sa cause avec autant d’adresse qu’il aurait pu le faire. Le stress d’être en direct à la télévision, d’avoir à répondre du tac au tac à des questions, ont peut-être fait en sorte que le résultat final n’était pas au rendez-vous. La position de blogueur que j’occupe me permet de faire des réflexions après les événements, donc en ayant eu l’occasion de réfléchir et de pondérer plusieurs éléments en ce qui concerne un problème ou une situation. Je vais donc essayer ici de présenter le problème tel qu’il se pose réellement au-delà des effets de toge qui sont inévitables de part et d’autre lorsqu’il y a un conflit.
Tout d’abord, ce qui saute aux yeux tout de suite est le fait que Résolu est un employeur important de la région du Saguenay-Lac-St-Jean. La population de cette région est assez homogène, puisque l’immigration y est assez restreinte pour le moment. La grande majorité de la population est de descendance française, blanche et catholique. Une communauté autochtone est présente dans la localité de Mashteuiatsh et il n’y a pas de communauté anglophone proprement dite. Les emplois des différentes usines de pâtes et papiers sont occupés par les habitants locaux. L’affaiblissement de l’industrie du bois et des pâtes et papiers dans la région se traduira nécessairement par la diminution de la capacité des habitants de la région de maintenir leur niveau de vie mais aussi de se reproduire et donc d’assurer leur descendance. Les Québécois sont les descendants des colons français qui sont venus ici il y a quatre cents ans. Ils ont la responsabilité d’assurer la continuité de notre espèce, de notre peuple. En ciblant Résolu, Greenpeace s’attaque directement à la possibilité pour les Jeannois et les Saguenéens de conserver leur identité et leur culture françaises. Un effondrement de l’économie locale pourrait signifier une exode massif vers les centres urbains. Or, en politique, rien n’arrive par hasard. Si les habitants du Saguenay-Lac-St-Jean quittent leur région par manque d’opportunité ou d’espoir, il est évident que les multinationales vont récupérer les terres. Il paraît que les terres agricoles y font déjà l’objet de spéculation diverses. La fermeture des papetières dans cette région du Québec risque d’accélérer la prise de contrôle des terres agricoles, commerciales et résidentielles par des intérêts étrangers. Il y a un aspect de racisme anti-blanc, je dirais, dans cette campagne menée contre Résolu qui me fatigue. Les actions de Greenpeace au Québec ont souvent lieu en province, là où la population est majoritairement blanche et francophone et où l’économie est très fragile, en d’autres termes là où les populations sont très vulnérables.
Aussi, ce qui est important de souligner ici, est que Greenpeace a un historique assez chargé en matière de confrontation avec les acteurs du développement économique. Deux de ses cibles favorites sont les industries pétrolière et forestière. Quoiqu’en pense les ténors de la mondialisation, les ressources naturelles demeureront toujours la colonne vertébrale de l’économie d’un pays. À une époque où les Occidentaux ont transformé leur économie en un univers virtuel ressemblant davantage à un casino qu’à un marché, on a oublié que la transformation des matières premières en produits secondaires et finis permet de mettre en marche la croissance, peut-être parce qu’on réserve ça pour les Chinois et les autres qui ne coûtent pas chers… Greenpeace de son côté a le don de toujours arriver avec des propositions et des projets qui freinent l’activité économique, supposément pour « protéger » l’environnement…dans les pays occidentaux. On les entend rarement cependant critiquer le développement économique sauvage ou la pollution en Chine par exemple, alors que ce pays devrait être une de leurs premières cibles.
Par ailleurs, un des éléments importants qui pose problème dans le contexte des activités de la compagnie Résolu est la fameuse certification FSC, pour Forest Stewardship Council. Les médias rapportent que Résolu aurait perdu sa certification FSC dans plusieurs sites de coupe et Greenpeace ne manque pas de le souligner. Ainsi, le site web de l’organisme FSC nous présente une série de dix principes guidant l’octroi d’une certification à une compagnie forestière pour l’exploitation d’un territoire. Disons d’emblée que tout cela paraît très bien, très joli, sauf que l’économie, ça se passe sur le terrain. Les principes FSC m’apparaissent comme une série de beaux principes justement mais pas très pratiques. Rappelez-vous de Saint-Augustin qui disait que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Lorsque les Québecois se lèvent le matin, la première chose à laquelle ils pensent n’est pas la norme FSC. Ils ont d’autres chats à fouetter. Personnellement, lorsque j’ai besoin de papier, je ne me préoccupe pas de savoir s’il a été fabriqué avec la norme FSC. Les principes FSC font penser à des idéaux de natures communistes, semblables à ceux ayant servi à créer les Nations Unies ou les grandes chartes « internationales ». Néanmoins, la dite norme FSC semble avoir assez de poids pour faire plier certains clients, comme la chaîne de magasins Best Buy, qui exigerait le papier produit avec les standards FSC. Ainsi donc, Greenpeace ne se contenterait pas seulement d’orchestrer une campagne négative contre Résolu mais semblerait aussi prendre des mesures pour influencer les clients de l’entreprise pour qu’ils cessent d’acheter les produits de la compagnie, ce qui est tout autre chose.
Décidément, les humains ont la mémoire courte. C’est pourquoi je me dois de rappeler ici l’affaire du Rainbow Warrior. Vaisseau amiral de Greenpeace, le Rainbow Warrior était en quai en Nouvelle-Zélande où il se préparait en juillet 1985 à naviguer vers l’atoll de Mururoa pour protester contre des essais nucléaires français. Comme l’arme atomique est un formidable outil pour défendre la souveraineté et la sécurité d’un pays et d’une nation, la DGSE française n’avait eu d’autre choix, dans son esprit du moins, que de préparer alors une opération pour neutraliser le navire, qui résulta malheureusement dans la mort d’un homme. La France sera blâmée officiellement et paiera des dommages et intérêts à la Nouvelle-Zélande. Or, Greenpeace, comme bien d’autres organisations de gauche similaires, semblent utiliser délibérément la provocation, l’intimidation ou même le harcèlement parfois afin d’atteindre ses objectifs, ce qui résulte à l’occasion dans des incidents malheureux ou des accidents. Je crois que l’on peut affirmer que les activistes de Greenpeance connaissent sur le bout des doigts les lois de chaque pays dans lequel ils mènent des campagnes et qu’ils concoctent sur mesure des actions destinées à s’approcher le plus près possible du seuil de l’illégalité mais sans le franchir jamais. Le gouvernement fédéral canadien prépare une loi antiterroriste, le projet de loi C-51. Il sera intéressant de voir, si elle est adoptée, l’impact qu’elle aura sur les activités de certains groupes de gauche et d’activistes politiques qui semblent prendre plaisir à cibler des activités économiques pour les perturber. En terminant, pour compléter votre réflexion, je vous offre certains articles et vidéos qui ont été publiés cette semaine sur le site de Radio-Canada sur le sujet, dont l’entrevue avec le PDG de Résolu, Richard Garneau.
Le PDG de Résolu se réjouit du « cri du cœur » du maire Jean Tremblay
Entrevue avec Nicolas Mainville et Richard Hébert
Certification FSC : les Atikamekw menacent des entreprises forestières