Randy Cunneyworth et les grands bonzes du commentaire sportif québécois

Samedi dernier, une manifestation s’est déroulée devant le Centre Bell de Montréal afin de protester contre l’embauche de Randy Cunneyworth, un entraîneur unilingue anglais, à la barre de l’équipe de hockey des Canadiens de Montréal. Ce genre de situation provoque toujours beaucoup de réactions émotives dans le contexte de la culture québécoise et cela se comprend. Néanmoins, je commence à être agacé par certaines choses dont on ne parle jamais dans le dossier de la langue et qui sont, en fait, beaucoup plus importantes. En effet, défendre une langue, ça commence par bien la parler. Or, l’intelligentsia, si on peut l’appeler ainsi, montréalaise et québécoise du commentaire sportif démontre un mépris total de la langue française. Ces grands bonzes du divertissement sont toujours les premiers à monter aux barricades pour s’indigner. Ils vont, par exemple, faire les gorges chaudes en raison du fait que le capitaine de l’équipe des Canadiens, Saku Koivu, ne parle pas français, qu’il n’y a pas beaucoup de joueurs francophones dans l’équipe, que la musique soit presque exclusivement en langue anglaise au Centre Bell, etc.

Or, dans leur grande « performance » professionnelle à la radio, notamment au 98,5 FM, maintenant que les animateurs de la défunte radio de sports CKAC, convertie en radio de circulation, y ont été rapatriés, ces « animateurs de sports » ne cessent d’employer des mots anglais à qui mieux mieux, alors que René Lecavalier avait fait des efforts remarquables pour franciser le vocabulaire du hockey dans les années soixante-dix. Voici ce que vous pouvez entendre sur les ondes de l’émission les Amateurs de Sports, lors de la retransmission des parties du Canadiens et en fin de soirée lors de la ligne ouverte avec Ron Fournier:

La puck, la game, le one-timer, le give away, le break away, le net, le power skating, le power forward, le power play, etc…et le coach.

Ceux-ci ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres. Et ce sont ces animateurs-là qui veulent donner des leçons sur l’utilisation de la langue française par l’entraîneur, le capitaine, le responsable de la musique au Centre Bell et autres? Franchement, si j’étais propriétaire de ces stations sportives, cela ferait longtemps que j’aurais mis les points sur les « i » avec ces pseudo-animateurs. Je leur aurais dit: « Vous allez parler un français correct et professionnel, sinon je vous mets à la porte immédiatement ». Mais comme on est mou au Québec, ces choses-là ne se disent pas, à moins que le message viennent des commanditaires. En attendant, la population endure de se faire rosser les oreilles par cette équipe de journalistes « émérites » du 98,5 FM, anciennement de CKAC. Par ailleurs, ce que l’on a eu l’habitude d’entendre à la télévision, notamment sur les ondes de la défunte station TQS lors de l’émission 110%, n’était guère mieux. Mais curieusement, il s’agissait souvent des mêmes animateurs que l’on retrouvait à CKAC… Et de façon générale, l’utilisation de l’anglais dans les médias supposément francophones est très fréquente et des stations de radio comme CKOI et CKMF laissent beaucoup à désirer sur l’utilisation de la langue.

De mon côté, cela fait au moins un an que je n’écoute plus ces idioties du sport professionnel, pour plusieurs raisons dont la question de la langue. Et le Canadiens n’a jamais été l’équipe des francophones de toute façon. Je suis d’accord avec Normand Lester lorsqu’il dit que le Canadiens représentent plutôt les Canadiens-Anglais. Tant que les Nordiques ne seront pas de retour, les francophones n’auront pas une équipe qui les représente et qui leur correspond. Il est donc inutile et stupide d’attendre quoi que ce soit des Canadiens. Qu’ils continuent à faire ce qu’ils font présentement. Dans le fond, on s’en fout. Voici une entrevue avec Mario Beaulieu, président du Mouvement Québec français, ainsi qu’un article couvrant la manifestation.

Mario Beaulieu

La manifestation