Le Président du mouvement Amitiés Québec-Israel nous offre ici l’histoire de Jérusalem. Encore une fois, nous devons nous rééduquer afin de résister et de lutter contre l’antisémitisme ambiant et médiatique qui est en train de corrompre nos sociétés. Ce texte est un outil de plus pour ce faire. Bonne lecture.
Durant plus de 2500 ans, la nostalgie de Sion et de Jérusalem devait accompagner le peuple juif dans ses diverses diasporas, depuis l’exil babylonien ordonné par Nabuchodonosor en 598-537 avant J.-C. et la conquête de Jérusalem précédant sa destruction par les soldats romains de Titus en 70 de l’ère chrétienne, date qui allait marquer le début de la grande dispersion. Cette nostalgie, attestée plus d’un millier de fois dans la Bible comme dans le Talmud, marque les prières quotidiennes et festives pour culminer en une acmé d’espoir à la fin de la Haggadah de la Pâque par cette formule consacrée: “L’an prochain à Jérusalem.” Certaines des plus poignantes expressions de ce sentiment furent composées par l’auteur des Psaumes:
Sur les rives des fleuves de Babylone, là nous nous assîmes et nous pleurâmes au souvenir de Sion. Aux saules qui les bordent nous suspendîmes nos harpes. (137, 1-2)
Si je t’oublie jamais, Jérusalem, que ma droite m’oublie ! Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens de toi, si je ne place Jérusalem au sommet de toutes mes joies. (137, 5-7).
Célèbre, ô Jérusalem, l’Eternel, glorifie ton Dieu, ô Sion! (147, 12).
En 1948 plus de 2 000 Juifs avaient été évacués de leurs pauvres demeures, plusieurs fois centenaires, construites dans le quartier juif au sein de la Vieille Ville, là où précisément habitaient, dans de somptueuses villas, l’aristocratie, l’élite juive et la caste sacerdotale à l’époque du deuxième Temple. La plus grande partie des vingt-sept synagogues et yeshivot (écoles talmudiques) du quartier avaient été détruites pendant les combats. Les autres lieux de culte servirent de latrines ou d’écuries… Cet exode ne fut pas une fin en lui-même car aujourd’hui dans ce quartier rénové de nouveaux habitants arpentent les ruelles, côtoyant les visiteurs israéliens et les nombreux touristes étrangers venus admirer ce chef-d’œuvre de reconstruction et d’aménagement des vestiges exhumés qui font revivre le passé juif de la capitale d’Israël à jamais. Comme l’avait prophétisé le prophète Jérémie, la ville sera reconstruite sur ses ruines : « Ainsi parle l’Éternel : Voici, je ramène les captifs des tentes de Jacob, j’ai compassion de ses demeures ; la ville sera rebâtie sur ses ruines […]. » (Jé. 30. 18). Le texte biblique hébreu précise que Jérusalem sera reconstruite sur son tell (ses ruines).
Dès la réunification de la ville, le gouvernement entreprit un vaste chantier de restauration du quartier juif en prenant soin tout d’abord d’effectuer des fouilles archéologiques afin d’exhumer les ruines du passé, enfouies sous plusieurs mètres de gravats. Ceci ne correspond-t-il pas au cri du psalmiste : « […]Mais toi Éternel tu régneras à perpétuité, et ta mémoire dure de génération en génération. Tu te lèveras, tu auras pitié de Sion ; car le temps d’avoir pitié d’elle, le temps fixé est à son terme ; car tes serviteurs en aiment les pierres, ils en chérissent la poussière […]. » (Ps. 102. 13-23). La municipalité de Jérusalem, en collaboration avec la Direction israélienne des Antiquités, la Société de la réhabilitation et du développement du quartier juif, et le Ministère israélien des Affaires religieuses, fit revivre ce quartier en préservant son passé.
L’histoire dans le fond…
Le 15 mai 1967, Gamal Abdel Nasser ordonnait le retrait des Casques bleus de l’Onu de la péninsule du Sinaï où ils étaient positionnées depuis 1956. Peu après, Nasser interdit le passage de navires israéliens par le détroit de Tiran, ce qui revenait au blocus du golfe d’Eilat, en violation du droit international.
Le 31 mai, l’Égypte expédie au Sinaï 100 000 soldats, 1000 chars et 500 pièces d’artillerie lourde. Elle signe un accord de défense avec la Jordanie, la Syrie et l’Irak, ces deux derniers mobilisent leurs armées. Le Koweit, l’Arabie Saoudite, le Soudan et l’Algérie envoient des renforts et des munitions aux belligérants arabes. Israël se retrouve encerclé de partout par quelque 250 000 soldats arabes, plus de 2000 chars d’assaut et quelque 700 avions de combat. Le président irakien de l’époque, Abdul Rahman Aref, déclare : « Notre objectif est clair : effacer Israël de la carte du monde.»
Telle est la situation à laquelle est confronté l’État d’Israël le 4 juin 1967 : trois fronts, neutralité déclarée des Etats-Unis et embargo sur les armes à toute la région, conforté par l’un des principaux fournisseurs de Tsahal à l’époque : la France. Les pays arabes en revanche bénéficient des largesses de l’Union soviétique en matière d’armements. La menace qui pesait alors sur Israël était existentielle.
Le 5 juin à l’aube, les avions de l’armée de l’air de Tsahal entreprennent une vaste opération préventive contre l’armée de l’air égyptienne, détruisant quasiment tous ses avions et une grande partie de ses chars. Les blindés israéliens se dirigent simultanément vers le Sinaï qu’ils investissent rapidement et vers la rive orientale du canal de Suez. Le même jour, la Jordanie attaque Israël.
Le 7 juin, l’infanterie de Tsahal investit la Vieille Ville de Jérusalem. Les soldats arrivent au Mur occidental et le commandant de la région Centre, le regretté général Mordehaï Gur, déclare avec émotion « L’esplanade du Temple est dans nos mains ! »
La conquête jordanienne
En 1950, après la conquête de la Vieille Ville par la Légion arabe le 28 mai 1948, la Jordanie l’annexe, en violation des accords internationaux. Seuls le Pakistan et la Grande Bretagne avalisent cette annexion. Les deux parties l’arabe et la juive de Jérusalem sont séparées par des barbelés et des champs de mines. Des tireurs d’élite jordaniens tirent fréquemment sur des civils israéliens à partir des positions qu’ils occupent sur les remparts. Tous les citoyens israéliens, y compris les musulmans et les chrétiens, sont interdits d’entrée dans le périmètre de la Vieille Ville, en violation des accords de cessez-le-feu signés par Israël et la Jordanie en mars 1949. Les touristes doivent prouver qu’ils sont chrétiens pour y pénétrer. Toute trace de présence juive est effacée. Une route est construite à travers le cimetière juif du mont des Oliviers, et des pierres tombales servent à paver des bases militaires jordaniennes. Les 58 synagogues du quartier juif, y compris la célèbre « Hurva » dont la construction remontait à 700 ans, furent profanées et détruites. Les Juifs perdirent l’accès à leurs lieux saints, en particulier au Mur occidental.
Après la reconquête de la Vieille Ville, la Knesset s’empressa de voter une loi sur les Lieux saints, prévoyant leur libre accès aux fidèles de toutes les religions, et accorda l’autonomie à toutes les religions et à tous les courants pour la gestion de leurs Lieux saints. La loi prévoyait également l’élargissement de la juridiction municipale à la ville arabe de Jérusalem, qui devint partie intégrante du territoire israélien. La Knesset annula toutes les mesures discriminatoires. Le gouvernement israélien rendit aux musulmans le droit de pratiquer librement leur culte sur le mont du Temple, en dépit du fait qu’il représente le principal lieu saint du judaïsme. En fait, il fallut attendre la guerre des Six-Jours et la réunification de Jérusalem pour que les fidèles de toutes les religions aient accès à la Vieille Ville. Aujourd’hui, le Wakf, qui gère le Mont du Temple, empêche les Juifs d’y prier.
En juin 1980, la Knesset vote la loi fondamentale régissant le statut de Jérusalem, capitale de l’État d’Israël. La loi mentionne les droits et les devoirs d’Israël concernant Jérusalem.
Jérusalem au fil des siècles
La ville de Jérusalem est immuablement liée à l’histoire du peuple juif. La place essentielle qu’elle tient dans les traditions juives plonge ses racines il y a plus de quatre millénaires, avec le sacrifice d’Isaac sur le mont du Temple, le mont Moriah, appelé à devenir le site du Temple.
En l’an 1004 avant l’ère chrétienne, le roi David s’empara de la petite cité jébusite qu’il transforma en capitale de son royaume. Son héritier, le roi Salomon, y édifia le Premier Temple. La ville resta la capitale du royaume pendant les quatre siècles où régnèrent les souverains de la dynastie davidique, jusqu’à sa conquête et sa destruction par les Babyloniens en 586 avant l’ère chrétienne. Quand la Perse conquit Babylone, les Juifs obtinrent le droit de retourner dans leur patrie, Erets-Israël. 70 ans plus tard, la ville et le Temple furent reconstruits. Pendant les 500 ans qui suivirent le retour d’exil, Jérusalem resta au cur du culte et de la culture juive.
Ce fut le tour des Grecs séleucides de conquérir Erets-Israël et de profaner le Temple. La révolte des Maccabées en 167 avant l’ère chrétienne fut dirigée contre l’envahisseur païen et restaura l’indépendance juive sous la direction de la dynastie hasmonéenne.
En 63, Pompée conquiert Jérusalem et rattache la Judée à l’empire romain. La population juive se révolte contre Rome, provoquant en représailles la destruction de Jérusalem et du Temple, le massacre de ses habitants et l’exil des rescapés. Une deuxième révolte juive conduite par Bar-Kochba entre 132 et 135 se solde par un échec d’autant plus cuisant que Jérusalem est rasée et remplacée par une ville romaine païenne : Aelia Capitolina, interdite aux Juifs. Sa population juive se disperse à l’étranger (diaspora) et en Galilée.
Au cours des siècles qui suivront, et qui tous apporteront leurs occupants étrangers à Jérusalem Rome jusqu’en 324, Byzance (324-614), Perse (614-638), Arabes (638-1099), Croisés (1099-1291), Mameluks (1291-1516), Ottomans (1516-1917) et Britanniques (1917-1948) la population juive constitua toujours la principale communauté de la ville.
Jérusalem est évoquée plus de 800 fois dans la Bible. Elle est désignée de 70 noms dans la littérature post-biblique. Sa destruction occupe une place exceptionnelle dans la mémoire collective juive, dans la liturgie, dans les jeûnes (en particulier celui de Tisha beAv qui met fin à trois semaines de deuil). Les Juifs du monde entier prient en direction de Jérusalem. La tradition de briser un verre sous le dais nuptial qui conclut la cérémonie du mariage juif est symbolique : la joie ne peut être totale tant que Jérusalem n’est pas reconstruite dans sa splendeur passée. De même, les Juifs orthodoxes laissent dans leurs maisons un endroit non plâtré en souvenir du Temple. La Haggadah de Pessah et les prières de Yom Kippour s’achèvent sur une phrase prononcée avec ferveur : « L’an prochain à Jérusalem ! »
Un jour, Napoléon fit son entrée dans un synagogue un jour de Tisha beAv. Il y vit des Juifs assis par terre qui se lamentaient et demanda la raison de leur affliction. On lui répondit que les personnes présentes pleuraient la destruction de Jérusalem et du Temple. « Quand cela advint-il ? », demanda l’empereur. « Il y a deux mille ans », lui répondit-on. Et Napoléon de rétorquer : « Un peuple qui se souvient de sa patrie pendant deux mille ans finira par y retourner. »