Normand Lester: L’affaire de la « taupe » du SPVM est-elle une reprise de l’affaire Claude Savoie?

L’affaire de la présumée « taupe » du Service de Police de la Ville de Montréal, Ian Davidson, qui se serait enlevé la vie il y a quelques jours, ressemble étrangement aux sombres histoires de Claude Savoie et de Paul Sauvé. Selon Normand Lester, qui a eu l’occasion d’enquêter sur ces événements alors qu’il était journaliste à Radio-Canada, les similarités sont frappantes. Lester nous rappelle que dans les affaires Savoie et Sauvé des membres de la GRC avaient incité ces derniers au suicide, à mots couverts, afin de protéger leur honneur personnel et la réputation du service de police. En effet, voilà quelques décennies, la GRC était aux prises avec un important problème de corruption, alors que plusieurs agents et hauts gradés étaient impliqués dans le trafic de stupéfiants, depuis leurs postes à la Section des stupéfiants de la GRC. Ian Davidson, qui semble-t-il aurait essayé de vendre une liste d’infiltrateurs du crime organisé à la mafia montréalaise, a-t-il été bénéficiaire du même traitement? Dans la deuxième chronique de Lester que j’ai attachée, ce dernier se demande également si l’affaire Davidson ne serait pas liée par hasard à l’affaire Desjardins-Montagna dont je vous ai parlée récemment.

Normand Lester sur la taupe du SPVM et Claude Savoie

Normand Lester: Y a-t-il un lien entre Davidson et l’affaire Desjardins-Montagna

L’affaire Desjardins-Montagna: La preuve retenue par le tribunal en raison de la sécurité nationale?

Raynald Desjardins, ancien bras droit du parrain Vito Rizzuto, est accusé du meurtre de Salvatore Montagna, un ancien dirigeant par intérim de la famille mafieuse new-yorkaise des Bonanno, survenu le 24 novembre dernier à Charlemagne. Desjardins avait été la cible d’un attentat raté le 16 septembre dernier, à Laval. Suite au meurtre de Montagna, un « contrat » aurait été mis sur la tête de Desjardins. Le début des procédures pour meurtre intentées contre Desjardins se sont donc fait sous haute surveillance. Or, ce qui est particulier dans ce dossier, c’est que le tribunal refuse de divulguer toutes les preuves qui ont servi à inculper Desjardins, à la defense. Seules des considérations de sécurité nationale, de terrorisme ou de possibles atteintes à la vie de personnes peuvent justifier la retenue de ces preuves. En effet, il appert que la police aurait réussi à décoder le protocole de communication crypté développé par la compagnie RIM, fabriquant le Blackberry. Me Claude Olivier, un des avocats de la défense, se dit surpris que la GRC puisse être en mesure de déchiffrer ces communications puisque, dit-il, « le FBI n’est pas capable de le faire ». Certaines questions se posent donc, à savoir si, par hasard, RIM n’aurait pas collaboré avec la police en partageant des renseignements. Aussi, on est droit de se demander quelle pouvait bien être la nature des conversations qui ont eu lieu.

En dernier ressort, la vraie raison qui doit bien motiver la retenue par le tribunal de ces preuves envoyées et enregistrées par les appareils Blackberry demeure probablement l’avantage technologique. En effet, pour que la police et les services de renseignements puissent détecter et désamorcer des attentats en préparation ou autres crimes majeurs, ils doivent avoir une « coche » d’avance sur ceux qui voudraient utiliser la technologie pour leurs fins personnelles et ainsi causer du tort à la collectivité. On ne saura jamais probablement ce qu’il y avait dans ces messages mais je me dis que notre ignorance vaut bien mieux que des groupes islamistes, terroristes, nazis, d’extrême-gauche, d’extrême-droite et autres totalitaires puissent prendre connaissance de la façon de déchiffrer le code crypté de RIM. Je vous propose une courte entrevue avec Me Claude Olivier sur les ondes de l’émission de Paul Arcand du 98,5 FM, ainsi que quelques articles faisant le tour des faits principaux.

Me Claude Olivier

Meurtre de Salvatore Montagna

Raynald Desjardins accusé de meurtre

Desjardins sauvé par les policiers