Ce reportage de l’émission Enquête de Radio-Canada sur les opérations policières de type « Mr Big » laisse un goût amer. On aurait pensé, dans un pays comme le Canada où supposément la démocratie libérale se porte bien, que ce genre de tactiques ou de méthodes policières sont utilisées plutôt rarement. Eh bien, non. Il semblerait qu’elles soient fréquentes. Les deux cas présentés dans le reportage, celui d’Alain Perreault, et celui de Sebastian Burns et Atif Rafay, nous montrent comment certains corps policiers canadiens utilisent ces techniques pour pouvoir incriminer des suspects dans des dossiers où les preuves sont difficiles à obtenir. Ils « vont à la pêche », autrement dit, et cela leur permet presque toujours non seulement de porter des accusations mais aussi d’obtenir des condamnations. Dans le dossier de Sebastian Burns et Atif Rafay, vous aurez l’occasion de voir mon collègue Daniel Laprès, qui a suivi le dossier de près, sans jeu de mots, pendant plusieurs années.
En gros, je dirais que ce genre de techniques me semble dépasser largement le cadre du mandat des forces policières, qui est celui d’accumuler des preuves concernant des crimes qui ont été commis, pour ensuite procéder en cour lorsque le procureur estime qu’il y a suffisamment de matériel pour accuser quelqu’un. Avec les opérations de type « Mr Big », on se retrouve dans un monde où les opérations policières normales côtoient l’univers lugubre des opérations clandestines des services de renseignement et le monde du crime. Cela nous rappelle à tous, peu importe qui nous sommes, en ces temps de descente dans les bas-fonds du fascisme, que personne n’est désormais plus en sécurité. Avant, il suffisait à un individu de payer ses impôts, de ne pas commettre de crime, de travailler, de ne pas emmerder ses voisins, pour avoir la paix et ne pas avoir d’ennuis. Mais plus maintenant. Ceux qui dirigent la société, avec tous leurs sbires et collabos, peuvent décider, n’importe quand, au moment où cela fait leur affaire, de monter une opération contre quelqu’un pour le foutre en prison. Plus personne n’est en sécurité et ça, ce n’est pas la faute à ben Laden. Le problème se situe plutôt entre les deux oreilles de nos élites politiques et économiques. Mais à quoi bon suivre et obéir à toutes ces lois si l’on peut se faire « framer » à tout moment par des scénarios de cinéma?
Il faut dire que, pour revenir aux cas présentés dans le reportage ci-dessous, leurs protagonistes n’ont pas été très brillants. Dans le cas d’Alain Perreault, il n’aurait jamais dû « avouer » un crime qu’il n’avait pas commis, et dans le cas de Burns et Rafay, ils étaient trop jeunes pour comprendre toutes les subtilités de la culture humaine… Que voulez-vous, il y a des choses qui ne viennent qu’avec le temps. Pour ma part, je ne crois pas qu’avec mon expérience de la vie et ce que je sais aujourd’hui des humains, je ferais des aveux sous pression. Je crois que je préférerais vivre avec les menaces et foncer, quitte à en mourir. William Cooper disait, et je traduis librement ici que « celui qui n’est pas prêt à mourir pour ses idées ne vaut pas grand-chose ». Ça résume bien.