L’analyse de Michel Juneau-Katsuya commence vers 3:55, alors que celle de Charles-Philippe David débute vers 10:30. Le travail des forces policières et de sécurité est à souligner ici. Toutes nos félicitations.
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Michel Juneau-Katsuya commente certaines vidéos présentées lors de la Commission Charbonneau
Le SCRS, Philippe Couillard et l’Arabie saoudite: Lorsque le « Who’s who » devient plutôt le « Who does what? »
Encore une autre histoire abracadabrante dans le monde du renseignement. La dernière en date concerne l’ancien Ministre de la Santé du Québec, Philippe Couillard, maintenant membre du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité du Canada, un organisme fédéral chargé de surveiller le travail des agents de renseignement canadiens. Or, Monsieur Couillard occupe aussi les fonctions, simultanément, de conseiller auprès du gouvernement saoudien en matière de santé. C’est un conflit d’intérêts majeur et la nouvelle en inquiète plusieurs depuis que la journaliste du National Post, Kathryn Blaze Carlson, l’a portée à l’attention du public dans un récent article. Je joins deux articles du site web Pointdebascule.ca présentant tous les détails de l’affaire, ainsi qu’une entrevue avec l’ancien directeur du SCRS, Michel Juneau-Katsuya, sur les ondes de Benoit Dutrizac du 98,5 FM.
Mon commentaire peut se résumer à ceci: Je suis inquiet. J’ai l’impression qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion. Auparavant, je croyais que c’était seulement au Québec qu’il n’y en avait pas, mais on dirait que c’est également le cas au Canada. Vous vous souvenez que la plupart des pilotes, si je peux me permettre le jeu de mots, qui ont perpétrer les attentats du 11 septembre 2001 détenaient des passeports de l’Arabie Saoudite. Alors qu’est-ce qui empêche l’Arabie Saoudite, par l’entremise de Philippe Couillard, de contrôler les activités de renseignement au Canada? L’Arabie Saoudite a joué un rôle central dans les attentats du 11 septembre. Voir mes articles précédents sur le sujet:
Richard Clarke and the Underground Reich
Les articles de Pointdebascule.ca, dirigé par Marc Lebuis, mentionnent aussi la compétition existant entre le Canada et l’Arabie Saoudite dans le secteur de l’exportation du pétrole. Mais, au fond, cet élément est plutôt secondaire si l’on réalise qu’il s’agit en fait de la sécurité du pays lui-même et de la vie de 30 millions d’habitants qui est en jeu. Cela vous dit d’avoir à assumer les conséquences d’un autre 11 septembre sur le territoire canadien? Pas moi. Michel Juneau-Katsuya a raison lorsqu’il dit que l’on en fume du bon dans l’entourage du Premier Ministre Harper. Il a fait toute sorte de nominations dans le secteur des renseignements qui sont pour le moins étonnantes et celle de Philippe Couillard, en plus de ne pas être basée sur les compétences, est carrément dangereuse pour ne pas dire irresponsable. Si on met un loup en charge de la bergerie, il ne faut pas se surprendre ensuite qu’il ne reste plus de moutons. Car, avec la présence de Philippe Couillard sur ce comité de surveillance du travail des agents de renseignements, c’est exactement ce qu’on a. Le loup de l’Arabie Saoudite, de par les pressions, chantage, menaces, blackmail, qu’il peut exercer sur Philippe Couillard, a maintenant la porte grande ouverte pour s’attaquer aux moutons canadiens. Jean-Baptiste, le Saint Patron des Québécois, a de quoi être fier: il peut désormais ajouter les Canadiens-Anglais à son cheptel, grâce à l’incompétence crasse en matière de renseignement qui caractérise ce pays depuis qu’il est officiellement « indépendant » de la Couronne britannique… Sur un ton plus humoristique, je vous offre également la dernière chronique de Normand Lester sur les ondes du 98,5 FM. Il paraît que des agents de la CIA ont organisé une rencontre avec des informateurs au Liban…dans un Pizza Hut. Décidément, rien de va plus dans le monde du renseignement.
Michel Juneau-Katsuya sur les ondes de Benoit Dutrizac
Deux exemples du conflit d’intérêts Canada-Arabie Saoudite
Michel Juneau-Katsuya, ancien chef du SCRS, en entrevue à Benoît Dutrizac
Un dossier présenté par Pierre-André Normandin dans La Presse du 4 août 2011 fait état d’une conversation compromettante tenue en 2000 entre Adil Charkaoui et Abousfian Abdelrazik ayant eu pour objet le plan de faire sauter un avion entre Montréal et Paris. Benoît Dutrizac s’entretient avec le journaliste ici en première partie. En deuxième partie du segment audio, l’ancien chef du SCRS, Michel Juneau-Katsuya, intervient sur le sujet. La conversation est intéressante car elle touche plusieurs choses importantes. Je ne vais pas vous les énumérer point par point. Je vous propose de l’écouter, ce sera mieux. Je vais plutôt concentrer mon commentaire sur un point précis que voici. Quelques minutes après le début de la conversation, Juneau-Katsuya fait remarquer à l’animateur que le Canada est relativement juvénile en ce qui concerne la gestion du terrorisme, et le cas Charkaoui-Abdelrazik est éloquent. Or, j’aimerais renchérir sur ce propos. Disons les choses telles qu’elles sont, le Canada souffre d’infantilisme, d’immaturité et de naïveté en ce qui concerne le domaine du renseignement et de la sécurité, et pour une raison fort simple. En effet, le Canada ayant bénéficié de la protection des États-Unis après la Deuxième Guerre Mondiale et de celle de la Grande-Bretagne jusqu’à celle-ci, l’intelligentsia politique et stratégique canadienne a eu tendance, je crois, à se déresponsabiliser de cette sphère de la gestion des affaires de l’état. Concrètement, ce qui se passait sur le terrain, c’est que le Canada laissait aux États-Unis le soin de s’acquitter des sales besognes, parfois dégueulasses, à accomplir pour assurer la sécurité des citoyens de l’Amérique du Nord. Le problème, c’est que pendant tout ce temps, le Canada n’a pas développé sa propre expertise dans le domaine du renseignement. En se fiant trop sur les Américains, les Canadiens ont oublié qu’ils vivaient dans un pays souverain qui doit gérer ses affaires lui-même.
Aussi, et ceux qui sont des habitués de ce blog me voient venir, la situation politique aux États-Unis est inquiétante, tout le monde le sait. Selon mon évaluation personnelle et selon les différents signes et indices qui se manifestent au sud de la frontière, je m’attends à un effondrement des États-Unis dans les dix prochaines années. Et ceci veux dire une chose très claire pour les Canadiens en termes de renseignement: nous sommes dans la merde. N’ayant jamais assumé nos responsabilités dans ce domaine ni durant le « protectorat » britannique ni depuis que ce sont les Américains qui s’en chargent, nous allons nous retrouver comme des gamins pris au beau milieu d’une bande de mafieux, malfrats, enragés et fiers-à-bras. En effet, certains pays qui se retiennent d’essayer de venir piller nos ressources naturelles (sans notre consentement…) et s’emparer de notre territoire par la force parce que les Américains sont là, eh bien ils n’auront plus cette gêne dès lors que les États-Unis n’existeront plus et que les républiques autonomes qui en résulteront vont s’entre-déchirer entre elles pour des parcelles de territoires et pour le contrôle des ressources.
En clair, voici la situation. Le Canada dispose d’une fenêtre d’environ dix ans pour arriver à maturité sur le plan du renseignement et de la sécurité. Après, il sera trop tard. Il faut faire vite. Monsieur Juneau-Katsuya me semble un type bien qui a un bon jugement. Je crois que cela n’est vraiment pas le temps de laisser partir à la retraite des gens d’expérience comme cela, il faut les retenir. Aussi, je crois que nous n’aurons pas le choix d’aller chercher des gens de l’extérieur de pays pour nous aider à combler ce déficit dans le domaine du renseignement. Le Canada entretient des bonnes relations avec, en plus des États-Unis, Israel, la Grande-Bretagne et d’autres. Il y a sûrement des gens d’expérience dans ces pays qui peuvent venir se greffer à nos unités de renseignement.
Dix ans…pour combler un déficit de plusieurs décennies. Je sais que cela a l’air énorme mais on a pas le choix de toute façon.