L’entrevue date de la fin de l’année 2012 mais elle est toujours d’actualité. Jovanovic s’est trompé sur l’issue de la dernière élection générale, alors qu’il voyait le parti de l’Aube Dorée l’emporter. Comme nous le savons, c’est le parti Syriza qui a gagné les dernières élections. Mais ce n’est pas bien grave, ce qui compte, c’est la substance de l’analyse. Le journaliste économique fait ici le bilan d’un voyage en Grèce qu’il a effectué récemment et il témoigne comment celui-ci lui a donné le sens de la réalité des choses. Les travailleurs grecs ont vu leur salaire être coupés de 30%, ce qui, dans les faits, se traduit aussi par une baisse de la puissance économique du pays dans les mêmes proportions. Les conséquences sont catastrophiques alors que le chômage atteint des proportions record, que les entreprises peinent à faire leur frais et que les fleurons locaux de l’économie sont rachetés depuis l’étranger. Jovanovic lance aussi l’avertissement que ce qui se passe en Grèce aujourd’hui va se passer dans d’autres pays européens très bientôt, y compris la France, puisque ce sont les mêmes indicateurs qui sont au rouge. Les mesures d’austérité aggravent la crise qu’elles sont sensées régler. Pour lui, la Grèce est un laboratoire permettant à l’élite financière européenne et mondiale de voir les réactions de l’effondrement total d’une société européenne. Les États-Unis surveillent la situation de près puisque la construction européenne et l’euro servent leurs intérêts économiques et politiques. Parmi les principaux conseils qu’il donne pour se protéger de la crise mondiale qui s’annonce, avec l’effondrement des systèmes bancaire et monétaire, il y a, évidemment, le fait de ne pas laisser d’argent dans les banques et de plutôt acheter de l’or ou de l’argent. Plusieurs autres sujets sont abordés. À voir.
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Entrevue avec Bernard Lugan sur les ONG et l’Afrique
Addendum du 24-06-2014: J’ai oublié un élément extrêmement important de l’équation africaine. En effet, aux convoitises des grandes puissances, à celles des djihadistes, et aux tensions raciales et ethniques, on doit évidemment ajouter les manœuvres des réseaux criminels internationaux, qui ne peuvent manquer de se produire. Prendre le contrôle d’un pays entier ou d’une partie de territoire demeure un objectif essentiel pour ces groupes, puisqu’il permet alors de mettre le pays en coupe réglée et de maximiser les divers trafics, ce qui décuple les profits. Je m’en voudrais de ne pas insister aussi sur cela, sans sous-estimer tout le reste.
Excellente entrevue accordée à l’organisme Global Network for Rights and Development. Entre autres sujets, Lugan parle ici du rôle néfaste joué par les ONG occidentales en Afrique, qui créent plus de problèmes qu’elles n’en règlent et de la démocratie sur ce continent qui reposerait sur une base ethnique et raciale, ce qui rend le cas échéant les élections vides de sens. Le seul point que je nuancerais dans son intervention est son rejet de l’idée de « main invisible » derrière les conflits ou guerres africains. Je suis d’accord avec lui que les guerres africaines peuvent trouver leur source dans les tensions ethniques et raciales qui s’y trouvent et qui existent depuis longtemps. Néanmoins, on ne doit pas sous-estimer la tentation à laquelle les grandes puissances sont confrontées de manipuler en sous-main les conflits africains afin de faire avancer leurs intérêts géo-politiques et géo-stratégiques, notamment pour le contrôle des matières premières, des minéraux et des hydrocarbures. On ne doit pas non plus sur-estimer cet élément mais il est évident qu’il y joue un rôle déterminant. Disons que si l’on superpose la convoitise des grandes puissances, ainsi que les élans djihadistes pour établir un califat islamique aux tensions ethniques et raciales qui existent déjà en Afrique, on obtient alors un cocktail explosif qui ne peut manquer à terme de créer beaucoup de problèmes. À voir.