Michael Sabia mange à la table des Desmarais: Bienvenue au Royaume de Sagard…

Le Canada et le Québec sont-ils des démocraties ou des régimes monarchiques? On aurait tendance à croire en la deuxième hypothèse, si l’on se fie aux rapports incestueux qu’entretiennent les acteurs politiques et économiques canadiens et québécois avec la famille Desmarais. Si quelqu’un entrevoit de faire une carrière politique dans ce pays, c’est à se demander s’il n’est pas obligé d’emblée de faire génuflexion et de prêter obédience auprès de cette famille et de son patriarche sinon, il risque de ne pas aller bien loin. Le domaine de Sagard, propriété de la famille Desmarais, donne l’impression d’un régime autarcique, féodal, monarchique, tels qu’on les voyait au Moyen-Âge. Normand Lester donne l’exemple dans l’entrevue qui suit d’une quinzaine d’entités politiques à travers le monde possédant un territoire plus petit que la propriété de Sagard. À Sagard, on y pratique la chasse au faisan, la chasse à courre, et toutes sortes d’autres choses sûrement bien agréables, tout cela agrémenté par un régiment de domestiques.

Il y a certaines choses qui me font tiquer avec la famille Desmarais et cette dernière controverse autour de Michael Sabia ne fait que s’ajouter à une longue liste. Tout d’abord, et sur une note plus humoristique, le nom du village, Sagard, ressemble à la contraction de deux noms d’origine nordique: l’islandais saga, qu’on peut traduire par récit, et le norse Midgard, qui signifie « enceinte du milieu ». Le domaine de Sagard serait-il un lieu où l’on voudrait réécrire l’histoire tout en y trouvant refuge à la fois? Deuxièmement, on se demande comment cette famille a pu devenir aussi riche. Les Desmarais ont commencé leurs activités dans le secteur des pâtes et papiers et y ont fait de l’argent, mais les pâtes et papiers, ce n’est quand même pas le pétrole ni l’armement. Normand Lester nous apprend ici que le domaine de Sagard, qui avait été construit à l’origine pour servir de centre touristique, a changé de mains à quelques reprises pour aboutir dans celles de la famille Desmarais…pour la modique somme de $1, alors qu’il est évalué à une somme se situant entre 50 et 70 millions de dollars. Power Corporation, propriété de la famille, s’est cédé le domaine à elle-même. Continuer la lecture

Le câble de WikiLeaks sur Power Corporation, Robin Philpot et la « Province » du Canada

Le câble de WikiLeaks publié dans Le Devoir sur les relations entre les hommes politiques canadiens et québécois et Power Corporation a fait beaucoup jaser depuis hier. Envoyé à Washington en 2009 par le nouvel ambassadeur des États-Unis au Canada, David Jacobson, le document met en lumière le questionnement de l’ambassadeur quant au niveau d’influence réelle qu’exerce Power Corporation sur la vie politique canadienne et québécoise. Le câble mentionne également les investissements de Power dans une société pétrolière française, Total, ainsi que dans les sables bitumineux de l’Alberta. L’ambassadeur donne en exemple le comportement de Jean Charest lors du sommet environnemental de Copenhague, où  le Premier Ministre du Québec semble avoir adouci sa rhétorique contre le gouvernement Harper et ses politiques sur les gaz à effets de serre.

Je vous propose ici le vidéo d’une conférence que Robin Philpot, auteur du livre Derrière l’État Desmarais: Power a donné au siège de la Société St-Jean-Baptiste voilà quelques années suite à la parution de son livre, ainsi qu’une entrevue donnée sur un ton plus humouristique à l’animateur de radio Benoît Dutrizac du 98,5 FM. Dans le vidéo de la conférence, on y apprend entre autres qu’à peu près rien n’a été publié sur l’empire Desmarais ou Power Corporation à ce jour. Les bibliothèques sont vides, alors que dans n’importe quel autre pays du monde, des dizaines de livres seraient consacrés à une famille aussi importante. Aussi, il semble avoir un vide médiatique autour des Desmarais, comme si on ne pouvait pas parler de cette famille-là ni de leurs affaires. Philpot y fait le tour du parcours financier et monétaire de l’empire et présente comment il s’est constitué. La fortune de la famille a commencé à se matérialiser grâce à l’industrie de l’hydro-électricité, avant que l’État québécois ne la nationalise. Avec les années, plusieurs entreprises se sont ajoutées au holding Desmarais comme Great West, Investors, etc. En de nombreuses occasions, la famille Desmarais a bénéficié de l’aide de l’État québécois ou canadien pour faire l’acquisition d’entreprises ou pour en prendre le contrôle et voilà quelques décennies, de généreuses subventions gouvernementales lui ont été accordées afin de moderniser la machinerie de l’industrie forestière. Or, depuis 1989, l’empire Desmarais n’a pas réinvesti un seul sou dans l’économie québécoise, ce qui est vraiment troublant. Leurs capitaux ont plutôt été placés aux États-Unis, en Chine, etc. Continuer la lecture