La politisation de la justice dans le monde: Le cas de la bâtonnière du Québec et autres sujets

N.B.: Je vous ai proposé dernièrement un texte sur les péripéties judiciaires dont fait l’objet la bâtonnière du Québec, Me Lu Chan Khuong. Ce texte était ni très bon ni complet. En d’autres termes, il n’était pas du calibre auquel je vous ai habitué, je pense. Je vous propose donc une version remaniée aujourd’hui, qui lui sera plus satisfaisant et éclairant, je l’espère. Le Barreau du Québec a tenu une réunion extraordinaire dans la soirée du lundi 24 août concernant la suspension de la bâtonnière du Québec, ce qui démontre que cette affaire est très importante pour l’avenir des affaires judiciaires au Québec. L’article doit être compris comme un effort de réflexion sur ce qui se passe dans la sphère de la justice au Québec et ailleurs dans le monde depuis quelques années. Bonne lecture.

Les péripéties judiciaires dont fait l’objet la bâtonnière du Québec, Me Lu Chan Khuong, sont intéressantes à plusieurs égards. Tout d’abord, en passant en revue la fiche wikipédia de Me Khuong, on apprend, si on ne le savait pas déjà, que l’avocate est l’épouse de Marc Bellemare, qui a été Ministre de la Justice de 2003 à 2004 dans le gouvernement libéral de Jean Charest. On se souviendra alors que les allégations de Marc Bellemare quant à un possible trafic d’influence dans le processus de la nomination des juges au Québec avait mené à la création de la Commission Bastarache. Ces allégations avaient mis dans l’embarras le Parti Libéral du Québec, le Premier Ministre Jean Charest et son équipe. Il ne fait nul doute qu’un désaccord existait entre Jean Charest et Marc Bellemare, qui n’est peut-être pas réglé même à l’heure où l’on se parle. Ensuite, Me Khuong est d’origine cambodgienne et, toujours selon sa fiche wikipédia, elle milite pour la reconnaissance du génocide cambodgien perpétré par le régime communiste de Pol Pot. Mais elle milite aussi pour défendre l’idée de l’indépendance des juges, idée qui avait justement été mis à mal avec les dénonciations de son conjoint et les travaux de la Commission Bastarache.

Ici, je précise tout de suite que je ne me prononce pas sur les faits qui sont reprochés à Me Khuong. Je n’étais pas présent dans le magasin au moment de l’incident. Je ne peux donc pas avoir d’opinion. Comme blogueur, mon rôle est de faire de l’analyse et du commentaire politique, pas de juger les gens sur la place publique ni de faire des enquêtes policières à la place de la police. S’il y a eu une faute commise, la police et le Ministère de la justice sont là pour ça. Dans le même sens, je crois que le Barreau devrait avoir la même attitude et attendre les conclusions de l’enquête ou du procès avant de suspendre Me Khuong. Avec l’avènement des médias sociaux, des médias de masse et de la société de divertissement, la tendance aujourd’hui est de glisser rapidement de l’allégation vers l’accusation, vers la mise en accusation, vers le verdict de culpabilité, vers la condamnation et le prononcé de la sentence. On doit se garder de tomber dans ce piège. Aussi, j’insiste sur le fait qu’il est malheureux qu’une fuite dans les médias se soit produite dans cette affaire. Normalement, l’affaire aurait dû rester confidentielle et se régler dans le cadre des procédures judiciaires usuelles. Comme le dossier a été médiatisé, Me Khuong a perdu la présomption d’innocence et un dommage a été fait à sa réputation, dommage qui ne pourra peut-être pas être réparé par la suite.

Est-ce que cela fait l’affaire du Parti Libéral du Québec que ce soit Me Khuong qui occupe ce poste, elle qui vient tout juste de prendre ses fonctions le 11 juin 2015? Ces péripéties arrivent en même temps que le congédiement de deux nominations du Parti Québecois, Nicolas Girard à l’AMT et Sylvain Simard à la SAQ. On peut se demander si le Parti Libéral ne serait pas en train de faire du nettoyage afin de se débarrasser de gens qu’il juge comme étant pas assez représentatifs de sa vision politique. Dans un jugement récent, la Cour supérieure du Québec vient de rejeter une demande qui avait été faite par Me Khuong pour qu’elle réintègre ses fonctions immédiatement. Sa suspension demeure donc effective jusqu’à la fin des procédures. Cela tombe mal pour l’avocate. En effet, une réforme du Code des professions qui était en préparation depuis plusieurs années sera présentée bientôt. Selon le site web du Barreau du Québec, le ou la Ministre de la justice du Québec va déposer cette année une loi omnibus qui « réformera le Code des professions et par le fait même la gouvernance des ordres et certaines de leurs activités clés ». Lors de son discours de passation des pouvoirs comme bâtonnière du Québec, le 11 juin 2015, elle était toute fière de dire qu’elle inaugurait une nouvelle ère pour le Barreau du Québec et que la « nouvelle gouvernance » qui s’annonçait ouvrirait de nouvelles perspectives. De façon générale, en lisant le texte de son discours, on a l’impression que Me Khuong est habité par un désir authentique de faire du Barreau du Québec une grande institution et, en plus, de servir la population et de favoriser une justice réelle et efficace. De toute évidence, elle aura de la difficulté à pouvoir être celle qui pilotera cette nouvelle gouvernance, puisqu’elle est suspendue de ce poste. Connaissant les lenteurs du système judiciaire, son mandat sera malheureusement probablement terminé lorsqu’une décision sera rendue.

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Entrevue avec Daniel Laprès sur la poursuite-bâillon intentée par Dalida Awada contre des défenseurs de la liberté d’expression

Dalida Awada, militante contre l’interdiction du port de signes religieux dans la fonction publique québécoise, a intenté une poursuite-bâillon contre certains sites web et personnalités publiques qui ont dénoncé ses positions anti-laïques et ses liens avec des organisations islamistes et/ou d’extrême-gauche. Il s’agit des sites web Postedeveille.ca, Vigile.net, ainsi que de l’activiste féministe et pro-laïque Louise Mailloux. Les administrateurs du site Vigile.net ont fait savoir qu’ils intentaient une contre-poursuite pour atteinte à leur réputation. Durant cette entrevue, Daniel Laprès, qui a décidé de son propre chef de s’impliquer dans cette affaire à la défense notamment du site Postedeveille.ca, parle longuement ici du contexte historique dans lequel la résistance québécoise face à la tyrannie et au totalitarisme prend racine. Pendant de nombreuses décennies, le clergé catholique a fait vivre au peuple québécois littéralement un régime totalitaire, que certains ont appelé le cléricalisme. Tout au long de notre histoire, de ces quatre cents ans d’existence, le peuple canadien-français et québécois a vu se lever des patriotes qui ont défendu la nation et la libre-pensée. Les Arthur Buies, Cardinal Taschereau, Jean-Charles Harvey, Joseph Guibord et bien d’autres, ont résisté à la fois contre le suprémacisme et le colonialisme anglo-saxons que contre le totalitarisme catholique obsédé par la censure et le contrôle des pensées. Cette entrevue est excellente pour bien comprendre les fondements historiques du combat des Québécois pour leur survie en Amérique du Nord. Le totalitarisme est semblable à un serpent. Lorsque sa peau est trop vieille, il la déleste pour en prendre une nouvelle. Les menaces d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes que les menaces d’hier mais le résultat d’une défaite face à ces menaces demeure la même: la disparition des Québécois de la surface du globe. Certains patriotes québécois, de souche ou issus de l’immigration, ont même reçu des menaces de mort dernièrement, ce qui témoigne de la gravité de la situation. En cette Journée nationale des Patriotes, prenez le temps d’écouter cette entrevue en trois parties avec Daniel Laprès sur les ondes de Radio-Ego.

Daniel Laprès sur Radio-Ego, première partie

Daniel Laprès sur Radio-Ego, deuxième partie

Daniel Laprès sur Radio-Ego, troisième partie

Louise Mailloux expose Amir Khadir

À l’approche de la prochaine campagne électorale au Québec, Amir Khadir a annoncé vouloir se présenter aux prochaines élections provinciales. Lors des audiences de la Commission sur le Projet de Charte de la laïcité, Louise Mailloux en a profité pour rappeler aux commissaires qui est vraiment Amir Khadir. Entre autres informations, elle a dénoncé la participation du député de Mercier, en août 2012, à une rencontre de l’Association Bridges qui prône la ségrégation des sexes et le port du voile islamique. Comme le souligne Louise Mailloux, les images que l’on voit ici en disent long. Lors d’une entrevue avec Benoit Dutrizac sur les ondes du 98,5 FM quelque part en 2012, et vous me pardonnerez de ne pas avoir la référence immédiatement en ce moment, Khadir avait déclaré qu’il n’était pas intéressé par les « bondieuseries », en d’autres termes par les exigences des diverses religions. Eh bien, cela ne paraît pas trop ici. Je crois alors que l’on est en droit de se poser la question suivante: L’attitude générale d’Amir Khadir tient-elle en définitive de l’opportunisme, de la taqiyya ou de l’hypocrisie? Jugez-en par vous-mêmes.

Fethullah Gulen nous invite à souper: L’analyse de Marc Lebuis et de Louise Mailloux

(J’ai apporté, en date du 22-02-2012, certaines corrections et ajouté des liens et références supplémentaires à cet article depuis la publication originale.)

En janvier dernier a eu lieu à Montréal le « Souper Annuel du Dialogue et de l’Amitié » où l’on pouvait retrouver des personnalités du monde universitaire, politique et des médias québécois. Or, le souper en question mettait à l’honneur l’organisation de Fethullah Gulen, que bien peu de gens présents semblaient connaître en réalité. J’ai déjà eu l’occasion de présenter le personnage de Fethullah Gulen et son oeuvre dans un article précédent. Pour résumer rapidement l’affaire, Fethullah Gulen est un islamiste turc qui tente de recréer l’Empire Ottoman des siècles passés, lequel, comme on le sait, était sous le contrôle de la Turquie. Pour ce faire, il a construit un vaste réseau d’infiltration très puissant qui lui a permis de prendre le contrôle d’une bonne partie du gouvernement turc, de la police et des médias. Toujours dans l’article précédent, vous retrouvez des entrevues et des liens où vous pourrez apprendre, entre autres, que Gulen, en plus de ses activités islamistes, semble avoir des liens avec la CIA. Aussi, les fameuses écoles qu’il a fondées, les madrasas, se retrouvent un peu partout dans le monde et elles servent de lieu de formation et d’embrigadement idéologique. Aux États-Unis, on parle plutôt d’ « écoles à charte ».

Ce qui est troublant ici, et Marc Lebuis et Louise Mailloux y font référence, c’est le degré de naïveté, de légèreté, d’insouciance, d’irresponsabilité avec lequel les élus, chercheurs universitaires et autres invités québécois ont accepté de participer à cet événement. Selon Benoît Dutrizac, la police de Montréal y avait également un représentant. Durant son entrevue, Marc Lebuis du site Pointdebascule.ca illustre le côté conflictuel et dangereux de ce genre de situations en rappelant la controverse qui avait entouré un programme mis en place par la GRC, l’unité d’approche communautaire. Lors de sa création, il visait à rapprocher la GRC des communautés culturelles, ethniques et religieuses dans un monde post-11 septembre. Or, les rencontres organisées dans le cadre de ce programme ont mis en présence des agents de la GRC avec des membres de groupes radicaux, ce qui avait fait réagir le ministre Vic Toews en 2010 de façon assez cinglante. Il ne fait plus aucun doute que les islamistes de tout acabit cherchent à acheter de l’influence en Amérique et en Europe et Fethullah Gulen n’en est qu’un parmi tant d’autres. Le plus effrayant dans cette histoire, c’est que l’on en vient à se demander jusqu’à quel point certains islamistes, Frères musulmans ou Cheiks du pétrole n’ont tout simplement pas acheté, littéralement, des élus locaux et des membres des services policiers et de renseignement, ainsi que des chercheurs universitaires, les uns pour qu’ils ferment les yeux sur leurs agissements, les autres pour qu’ils puissent donner une caution morale et intellectuelle à leur propagande. Louise Mailloux à raison: Les peuples occidentaux sont actuellement en train d’être reprogrammés pour accepter l’islam, avec les conséquence terribles que cela entraînera. Dans ce contexte, on peut s’attendre à ce que la liberté d’expression et la démocratie comme telles n’existent plus dans quelques décennies. C’est à nous d’agir maintenant si l’on ne veut pas que ce futur cauchemardesque s’abatte sur nous. Voici les deux entrevues, de Marc Lebuis et de Louise Mailloux.

Marc Lebuis analyse Fethullah Gulen

Louise Mailloux sur Fethullah Gulen