Le départ de Catherine Fournier du Parti Québécois est en train ces jours-ci de donner lieu à un véritable psycho-drame. Les ténors du parti déchirent leur chemise sur la place publique et crient à la trahison. Mais qu’en est-il au juste? Regardons cela ensemble si vous le voulez bien.
Tout d’abord, l’aspect essentiel qui est à retenir ici est que ce départ soudain offre une occasion en or servie sur un plateau d’argent à la fois aux instances du parti et aux militants et supporteurs de faire une vraie réflexion sur le Parti Québécois et la souveraineté, réflexion qui ne s’est jamais réllement faite depuis la fondation du parti. Le Parti Québécois est arrivé rapidement au pouvoir avec un chef charismatique, René Lévesque, et la défaite de 1980 a été dure à avaler. Celle de 1995 qui a suivie, aussi. Après cette deuxième défaite, on aurait pu penser que les instances du parti saisiraient l’occasion pour redéfinir la stratégie, les objectifs, le mandat, etc, du parti. Rien de cela n’est arrivé, bien au contraire. Le PQ n’a cessé de s’en aller à gauche pour s’adapter à l’évolution de l’électorat et ce mouvement s’est accéléré avec l’arrivée de Québec Solidaire. Présentement, presque plus rien ne sépare le PQ de Québec Solidaire, sauf peut-être l’apparence physique et l’habillement qui sont (encore) un peu plus soignés parmi la députation et les militants du Parti Québécois que chez leurs homologues de QS.
Or, ce virage à gauche constitue un véritable problème qui empêche la coalition des forces souverainistes. Vous trouvez ça normal, vous, que des gens comme Joseph Facal, Jacques Brassard, François Legault, Martin Lemay aient sacré le camp ou pris leurs distances du parti? Moi non. En fait, pour donner l’exemple de ces individus, ils ont tout simplement abandonné le navire parce qu’ils ne s’y sentaient plus chez-eux. Et ça, c’est un drame pour la souveraineté. Un parti qui a comme objectif de réaliser la souveraineté d’un pays SE DOIT de rassembler tout le monde, pas juste les gauchistes en amour avec Québec Solidaire et la social-démocratie.
Catherine Fournier a raison et j’en profite pour lui donner mon appui. C’est vrai qu’au Parti Québécois, c’est toujours le même monde qui radote les mêmes rengaines. Mais pendant ce temps-là, les années passent, et comme nous, les Québécois, sommes en déclin démographique, les chances que la souveraineté du Québec se fasse un jour deviennent de plus en plus hypothétiques. Les Pères Fondateurs des États-Unis ont beaucoup sacrifié pour réaliser l’indépendance de leur pays. Ils étaient sans doute écœurés que la Couronne britannique (tiens tiens…) leur en demandent toujours plus alors que c’étaient eux qui avaient le nez dans la boue à tous les jours. C’est pourquoi d’entendre les jérémiades, les pleurnichages et les lamentations de certains représentants du parti, ainsi que de certains commentateurs politiques dans les médias est absolument risible, dommage et navrant. À cet égard, le commentaire le plus insidipe revient au député de Jonquière Sylvain Gaudreault qui, lors de cette entrevue accordée à LCN, disait s’être senti «trahi à la puissance 10» par le départ de Catherine Fournier… On imagine mal comment des êtres à la peau aussi sensible pourraient réaliser l’indépendance d’un pays. Mais qu’est-ce que ce serait s’ils devaient passer le restant de leurs jours en prison ou encore être blessés dans des combats armés pour avoir défendu notre territoire et notre peuple? Si les Américains ont réussi à faire leur indépendance et que les Français ont réussi à se débarrasser de ceux qui les exploitaient, c’est parce qu’ils étaient déterminés et qu’ils avaient le sens du sacrifice et de l’honneur. Mais surtout, c’est parce qu’ils avaient une colonne vertébrale et une bonne paire de couilles. Ça, c’est les vraies affaires.
Il est évident que la souveraineté du Québec ne va jamais se réaliser par le biais d’un référendum. Vous voyez le cirque qui se déroule présentement avec le Brexit au Royaume-Uni? La population d’un pays peut bien se prononcer pour ou contre tel proposition, en bout de ligne, ce sont les élites qui décident de ce qui va se passer. Il est bon de rappeler que le système électoral au Canada est contrôlé par Ottawa et que les élites du pays ne vont jamais accepter que le Québec se sépare du Canada sans y être contraints par les circonstances. Les élites qui ont décidé de faire la Révolution américaine, celles qui ont décidé de faire la Révolution française n’ont pas pris le temps d’organiser un référendum, puisque ce n’est comme cela que les pays se forment. Les pays se forment par la force, politique ou militaire selon le cas. La révolution cubaine n’est pas passée non plus par un référendum et la plupart des pays ayant connu la colonisation sont devenus indépendants les uns après les autres. L’indépendance, ça ne se demande pas, ça se prend et il faut être adulte pour en arriver à cette décision.
Tout ce que le Parti Québécois avait à faire pour réaliser l’indépendance du Québec en 1976 était de faire une Déclaration unilatérale d’indépendance. Tout simplement, parce que c’est comme cela que les peuples adultes font. Je commence à me demander si la stratégie référendaire du Parti Québécois n’a pas été proposée justement par des gens qui voulaient amener le parti sur une voie sans issue, pour empêcher le Québec de devenir indépendant. Il y aurait une grosse réflexion à faire là-dessus. Le Parti Québécois tiendra un congrès prochainement. Je ne m’attends pas à grand-chose puisque de toute évidence les instances actuelles du parti sont incapables de faire une réflexion critique sur leur propre parti et sur le projet souverainiste. Je pense que la démarche de Catherine Fournier arrive au bon moment pour forcer les souverainistes à faire un constat lucide sur la situation au lieu de toujours répéter les mêmes mantras et lieux communs. Tant et aussi longtemps que les leaders souverainistes ne réaliseront pas que la Déclaration unilatérale d’indépedance est la seule voie, le mouvement souverainiste n’ira nulle part. Il est temps pour le peuple québécois de faire preuve de maturité et de déclarer son indépendance.